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PREMIÈRE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE 297
Marcel, près de l'ancienne maison des Gobelins, sur l'emplacement du vieux marché aux chevaux. Soixante métiers au moins, aux termes des lettres de 1607, sont occupés à traduire les conceptions pittoresques des peintres les plus renommés du temps. Tous les artistes de la cour luttent d'empressement pour fournir des modèles aux nouveaux venus; deux dessinateurs fort habiles sont spécialement chargés de pourvoir aux besoins de l'établissement. On ne s'en tient pas là : appel est fait au talent des maitres les plus célèbres de l'étranger ; Bubens lui-même est mis à contribution pour seconder le nouvel atelier dans sa lutte contre l'industrie flamande, ll résulte d'une lettre adressée à M. Valavès, le 26 février 1626, que l'illustre Anversois éprouvait de sérieuses difficultés à se faire payer le prix de ses cartons. En vain s'est - il adressé à son compatriote, le sieur de la Planche; celui-ci ne peut rien obtenir. Les ministres font la sourde oreille, et peut-être faudra-t-il aller jusqu'au cardinal de Biche-lieu, lies modèles qui font l'objet de cette correspondance sont sans doute les sujets de VHistoire de Constantin, plusieurs fois recopiés dans la première manufacture des Gobelins, comme on le verra bientôt.
Avec de pareilles ressources, l'entreprise des Comans et des de la Planche ne pouvait manquer de réussir. Aussi jouit-elle, pendant le premier tiers du xvii0 siècle, d'une période de prospérité et de succès que l'éclat de la manufacture de Louis XIV a trop fait oublier. Un curieux rapport, adressé par un correspondant du cardinal Barberini, vers 1630, sur les principales manufactures de France et des Pays-Bas, constate la supériorité des produits des Comans. Il nous apprend en même temps que la .plupart des matières premières mises en œuvre provenaient de nos provinces: les laines du Berry, de l'Auvergne, du Languedoc; les soies de Lyon; toutes étaient teintes dans la manufacture même. Le diplomate italien, en rappelant les vertus tinctoriales attribuées à l'eau de la Bièvre, sait ce qu'il faut penser de cette légende, et prend soin d'ajouter que les procédés contribuent au moins autant à l'excellence des couleurs que la qualité des eaux employées.
Il ne reste rien des archives de cette première manufacture des Gobelins. Les registres ou les comptes qui nous permettraient de suivre année par année l'état et les progrès de la fabrication sont perdus. Seulement l'inventaire des tapisseries du roi, dressé au commencement du règne de Louis XIV, attribue à cet atelier
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